Le peintre était un génie et l’homme un génie du mal
Plus que d’érotisme, il
s’agit de sexualité. Depuis son adolescence et pendant plus de 70 ans, il a été
obsédé par le sexe féminin. Toute sa vie, Picasso (1881-1973) a dessiné ses
fantasmes dans des carnets qu’il cachait dans ses tiroirs et qui n’étaient pas
réalisés dans le but d’être exposés. Au-delà du choquant, il est intéressant de
découvrir le jardin secret de ce peintre fasciné par la sexualité sous tous ses
aspects, de la tendresse à la violence, de la caresse à la copulation.
Théâtre sexuel
Ces représentations, essentiellement des dessins et des croquis de carnets,
inédits pour la moitié d’entre eux, mais aussi des peintures et des sculptures,
décrivent l’amour sans aucun interdit. Des dessins exécutés dans les bordels de Barcelone que le jeune Picasso fréquente
assidûment, où se mêlent le désir, la fascination, mais aussi la bouffonnerie
et le grotesque. Il y traite de la prostitution avec une crudité étonnante de
la part d’un jeune homme de 17 ans. Lui-même se met en scène dans les scènes
érotiques. Le voyeur juvénile est perché sur une fenêtre, ou caché derrière un
rideau. Ses compositions constituent avant tout un divertissement.
La force de l’amour
Puis c’est l’âge mûr, le temps des amours tumultueuses et passionnées. Le
voyeur espiègle se transforme en exhibitionniste et va mettre en scène sa
propre vie sexuelle. Picasso vient d’Espagne, le pays des corridas où le sang
coule, le pays de la violence et de la mort. Ses modèles dévoilent tous leurs
charmes avec une beauté sauvage et parfois une obscénité bestiale. Dans ses
peintures, le Minotaure incarne la force virile. L’homme est plus dominateur que jamais.
Picasso dessine de vrais corps à corps, des affrontements de chairs entre hommes
et femmes «Un rapport de formes autant
que de forces, imbriquant le tout et ses parties, encastrant orifices, plis et
boursouflures, intriquant volumes et reliefs, mêlant le devant et le derrière,
la face et le dos…», écrit le critique Patrick Roegiers.
Dans les dernières années, lié à l’impuissance de son grand âge, le voyeurisme a repris le pas. Picasso continue à mettre en scène le théâtre sexuel qui fourmille dans son imagination, en aplatissant les corps qui semblent désincarnés. Pendant plus de 70 ans, en mettant la femme au centre de son oeuvre, Picasso a voulu la posséder.
Le prédateur
Picasso était aussi une bête ! Une de ses multiples compagnes, Françoise Gilot, a eu ces mots terribles : « Picasso peignait avec le sang des autres » !
Un prédateur sexuel qui jouissait des humiliations qu’il infligeait à ses proies. Dans son lit, il faisait défiler des femmes, les siennes et celles des autres, des filles. En veux-tu en voilà… Il allait aussi, obsédé infatigable, les rejoindre dans leurs lits. Avec des pratiques odieuses qu’on ne peut pas qualifier d’amoureuses.
Le comportement de Pablo Picasso avec les femmes est bien évidemment interrogé. Sophie Chauveau, auteure d’une biographie du peintre, a dernièrement souligné la «perversité» de Picasso. « J’ai lu ce qu’ont laissé les maîtresses, les épouses, les enfants. Au début des années 1950, par exemple, il confisque leurs passeports à deux petites Américaines venues le voir. Il leur prodigue “des gâteries” – quel euphémisme sordide – pendant deux jours avant de leur rendre leurs papiers », expliquait-elle dans une interview accordée en 2018 au Figaro.
« Picasso abusait des femmes comme un Harvey Weinstein de son époque, mais son comportement était alors considéré comme acceptable »Olafur Eliasson, artiste contemporain islandais.