En Afghanistan, le retrait des forces internationales fait craindre une reprise du pouvoir par les talibans et un retour de lois archaïques envers les femmes et les jeunes filles.
Alors que les soldats américains et de l’OTAN – Allemands y compris – s’apprêtent à quitter l’Afghanistan, les Afghans continuent de vivre sous la menace permanente d’attentats.
Ces attentats, perpétrés par les talibans et des membres de l’organisation EI, ciblent principalement des femmes afghanes. Plusieurs femmes journalistes ont été tuées depuis le début de l’année et tout récemment, un attentat à l’entrée d’une école pour filles à Kaboul a fait plus de 90 morts et 150 blessés.
Les talibans contrôlent toujours environ 40% du territoire afghan et continuent d’assassiner et de menacer les femmes actives.
Selon Amnesty International, l’Afghanistan reste aujourd’hui « le pire pays » où naître pour une femme. Les lapidations continuent dans les zones de guerres contrôlées par les talibans, le pays compte 3,7 millions de personnes non scolarisées, dont 60 % de filles. Les mariages forcés sont monnaie courante dans les campagnes, y compris pour des mineures. Et surtout, la violence à l’encontre des femmes ne faiblit pas.
La place des femmes dans l’après-guerre en Afghanistan n’est pas acquise. Pour Najia Babakrkhel, parlementaire afghane, il incombe à la communauté internationale d’assurer le respect des droits des femmes et des minorités dans un monde où les talibans seront nécessairement présents. « Il est déplorable que les négociations se déroulent dans l’opacité. Comment recréer la confiance si nous ne connaissons pas le contenu des discussions ? proteste-t-elle. Il faut réussir à imposer aux talibans le respect des droits des femmes à l’issue des négociations. »
Les successeurs du mollah Omar réclament une nouvelle Constitution ainsi que l’instauration de la loi islamique, sans entrer dans les détails. Certains redoutent un retour aux années 1990, période durant laquelle l’éducation des femmes avait été pratiquement bannie, parmi une longue liste d’interdictions.
Ces dernières années, les représentants des talibans ont assoupli leur discours sur l’éducation des filles. Ils ont assisté de loin à l’évolution du pays après leur départ en 2001, la plupart des responsables insurgés vivant au Pakistan voisin.
La guerre en Afghanistan a coûté plus de 1 000 milliards de dollars aux États-Unis et la vie à quelques 2 400 militaires américains. Mais la victoire n’a jamais été proche sur le terrain. Mardi, les insurgés, dans un communiqué, ont dénoncé « la brutale invasion » de leur pays il y a 19 ans par les États-Unis qui avaient « rejeté avec arrogance » leur appel à une résolution diplomatique du problème. « L’Amérique, ses alliés et la coalition auraient évité l’infamie, les crimes de guerre, et d’importantes pertes humaines et matérielles », ont-ils encore commenté, ajoutant vouloir désormais un gouvernement afghan « inclusif, indépendant, souverain et islamique ».
En complément une archive de l’INA datée du 8 mars 1998
Les femmes afghanes
En Afghanistan, la prise du pouvoir par les Talibans a effacé 30 ans de progrés de la condition féminine pour des millions de femmes. Commentaire sur images factuelles et interviews de femmes afghanes, infirmières, en exil au Pakistan.
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