Edith Cresson : « Me nommer 1er ministre c’était prendre un risque vu la misogynie de la classe politique ! »
Seule femme à ce jour à avoir endossé le rôle de cheffe de gouvernement en France, Édith Cresson, nommée par François Mitterand en 1991, fut la cible de virulentes attaques sexistes, de la part du milieu politique comme de la presse. Aujourd’hui encore, elle garde un souvenir amer de « l’enfer de Matignon ».
Durant de nombreuses années, Édith Cresson a accompagné François Mitterand à la tête du Parti Socialiste, puis du pays. Le premier chef d’État issu de la gauche sous la Ve République le lui rend bien avec cette nomination. Ou pas. Cette expérience fut un véritable calvaire pour la femme politique, nommée en deuxième partie de mandat, dans un contexte social complexe – avec un chômage en hausse.
En plus des attaques misogynes dont elle est la cible, de la part de la presse comme du milieu politique, Édith Cresson encaisse une impopularité qui explose, à cause de ce sexisme ambiant d’une part, mais aussi, de ses quelques sorties inappropriées.
« Quand on parle de l’enfer de Matignon, je suis bien placée pour savoir que ce n’est pas exagéré, témoigne douloureusement l’ancienne Première ministre sur France Culture. J’avais prévu des difficultés mais pas à ce point-là, pas cette hargne extraordinaire, cette méchanceté gratuite. Toutes ces fausses informations. On me prêtait des propos que je n’avais jamais tenu. »
L’échec de la gauche aux élections régionales et cantonales abrège ses souffrances. Le 2 avril 1992, soit, un peu plus de dix mois seulement après son installation à Matignon, Édith Cresson est remplacée par Pierre Bérégovoy.
Sources : Public Sénat-Gouvernement.fr-France Culture